Un endroit reposant...

Invité

La cour intérieur de l'université... L'endroit qui plaisait le plus à Shinjirô et dans lequel il se sentait réellement bien. Faut dire qu'à ses yeux cet endroit était le seul dans toute l'académie qui permettait de se reposer sans pour autant être dans l'obligation de côtoyer les autres élèves. Non pas que cela le gêne d'ordinaire mais pour être franc, ici il n'était plus obligé de restreindre son don, pouvant ainsi se laisser aller sans prendre le risque de se trouver mal. La capacité qu'il avait de lire - ou plutôt de deviner - les talents de ses camarades était parfois préjudiciable pour son état de santé et les médecins de l'école avaient été très clairs : il fallait qu'il se montre plus prudent, sans quoi la tumeur grossirait encore et elle finirait par l'emporter sur lui.

On doit tous mourir un jour ou l'autre mais Shinjirô avait des projets en tête. Des choses qui devaient se faire et il devait donc être prudent. La mort l'attendrait bien encore un peu non ? Et puis son jeune âge - vingt ans - ne le prédestinait pas à périr si rapidement, lui qui avait toujours espéré avoir le temps nécessaire pour la réalisation de ses plans. Quoi qu'il en soit il s'était posé à l'ombre d'un arbre, se laissant bercer par le doux gazouillis des oiseaux non loin de lui. Fermant à demi les yeux et plaçant ses bras derrière sa nuque pour s'en servir d'oreillers de fortune, il se remémora son long apprentissage dans la maîtrise de son don.

A l'époque les choses avaient été particulièrement difficile, lui qui ne parvenait pas encore à bloquer par la pensée ces images qui l'assaillaient dès qu'il croisait le regard d'un de ses camarades. Les douleurs avaient été insupportables et régulièrement il avait été faire un tour à l'infirmerie. Cet endroit était d'ailleurs, sans la moindre prétention, la zone qu'il connaissait le mieux. Combien de fois s'était-il rendu là bas pour stopper un énième saignement de nez ? Combien de fois sa douleur à la tête avait été si épouvantable que seul le repos dans la salle climatisée de l'infirmerie le calmait ? Il ne les comptait évidemment plus. Heureusement qu'il était parvenu peu à peu à dresser une sorte de barrière mentale pour le protéger de ces visions, sans quoi il en serait sans le moindre doute déjà mort au jour d'aujourd'hui.

Ah quel endroit reposant que voilà... Un endroit qui lui manquerait inévitablement le jour où il partirait d'ici. Si ce jour arrivait !!!